1971-2025
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L’ascension de la Chine depuis son entrée à l’OMC en 2001, puis les ambitions assumées de Xi Jinping de devenir n°1 mondial, ont bouleversé les stratégies économiques et géopolitiques américaines et européennes.
Les États-Unis, après des décennies de coopération fondée sur l’espoir d’une démocratisation chinoise grâce au commerce, tentent, depuis la fin des années 2000, de contenir Pékin comme en témoignent les politiques d’Obama et de Biden. L’élection de Trump en 2025 pourrait cependant rebattre les cartes. Il a certes martelé pendant sa campagne sa haine de la Chine, mais ses décisions semblent favoriser celle-ci. Son attitude est ambigüe : il est à la fois agressif et admiratif à l’égard de Xi Jinping, et il n’a pas de position claire sur Taïwan.
En Europe, l’afflux de produits chinois à bas prix a fragilisé des pans entiers de l’industrie. Face à l’alliance Chine-Russie et aux tensions géopolitiques causées par la guerre en Ukraine, l’UE cherche à réduire ses dépendances, mais peine à s’unir pour relancer sa production. Parviendra-t-elle à concilier autonomie et compétitivité ?
Les États-Unis et la Chine : de Nixon à Trump, de l’amitié au découplage
Nous assistons aujourd’hui à une rivalité intense entre les États-Unis et la Chine. Mais celle-ci n’a pas toujours été aussi vive, les relations entre les deux pays étaient même plutôt étroites dans les années 70 et 80. Il est intéressant de revenir sur l’histoire des relations sino-américaines pour comprendre que les États-Unis ont fait preuve d’une certaine naïveté en cultivant l’espoir illusoire d’une Chine partenaire, soutenant la croissance américaine et s’ouvrant à la démocratie. Cinquante ans plus tard, l’élection de Donald Trump et son attitude agressive à l’égard de la Chine semblent servir les intérêts de cette dernière et mener à ce que les analystes appellent un découplage, c’est-à-dire la réduction volontaire des interdépendances économiques, technologiques et commerciales entre les deux premières puissances mondiales.
De bonnes relations reposant sur l’illusion, de Richard Nixon à George Bush
En 1971, Richard Nixon, un républicain pourtant très anti-communiste affirme qu’il faut renouer avec la Chine, quitte à se mettre toute sa famille politique à dos. Dans un contexte de guerre froide, son but est d’affaiblir l’URSS en fracturant le bloc communiste.
Les États-Unis et la Chine se mettent donc à coopérer dans tous les secteurs, malgré des fondements idéologiques et économiques diamétralement opposés et la surprise de la population américaine. Pour les dirigeants américains, c’est la “politique de l’engagement”, l’application de la théorie qui soutient que des échanges économiques et culturels seront forcément porteurs de paix et de démocratie.
Comme nous l’avons vu dans l’article n°4 sur le boom économique, Ronald Reagan, Margaret Thatcher, les néolibéraux, le FMI et la Banque Mondiale veulent exporter, dans les années 80, la dérégulation et le capitalisme dans le but de créer un monde en paix, mondialisé, sous l’hégémonie américaine.
Mais le Parti Communiste Chinois contrôle l’entrée de la Chine dans la mondialisation, construit son modèle extraverti basé sur les exportations, amasse des devises étrangères et subventionne les secteurs stratégiques. Les États-Unis profitent quant à eux de la main d’oeuvre peu coûteuse qui vient solutionner leur crise économique structurelle (augmentation des salaires suite aux luttes ouvrières, concurrence allemande et japonaise,…). La coopération va bon train, tout le monde y trouve plus ou moins son compte.
1989 marque un premier tournant. Les dirigeants chinois répriment les manifestations de la place Tiananmen (cf article n°4, partie 2 sur les manifestations de Tiananmen) en massacrant des centaines d’opposants : les américains commencent à douter de la politique de l’engagement. George Bush père est bien embêté : le monde entier dénonce le massacre mais les États-Unis ont trop à gagner à investir en Chine et il semble convaincu que les États-Unis peuvent encore inciter les dirigeants chinois à choisir la démocratie.
Dans son commentaire télévisé à la suite des événements, il rappelle que la relation sino-américaine est vitale pour les États-Unis et maintient que la Chine est en cours de démocratisation malgré ces événements qu’il impute à des désaccords internes au Parti Communiste Chinois et à l’armée. Il met tout de même en place quelques sanctions mais elles seront jugées insuffisantes.
Bill Clinton, démocrate, se sert de ces critiques pour faire campagne autour de la lutte pour les droits de l’homme, mais maintient de bonnes relations sino-américaines une fois au pouvoir. Il est convaincu qu’Internet provoquera l’apparition d’une société civile en Chine et ne se doute pas que la révolution numérique sera au contraire un outil très utile aux dirigeants du Parti Communiste Chinois pour contrôler la population (Frachon, Alain. Conférence : Géopolitique : les Etats-Unis au XXIe siècle. Épisode 3. Les Etats-Unis et la Chine : de l’amitié à l’affrontement. 2022. Les Ateliers du Monde). Clinton fait tout pour parvenir à l’intégration de la Chine à l’OMC en espérant qu’elle réduise ses barrières douanières, ouvre le marché chinois et améliore la protection de la propriété intellectuelle.
La Chine adhère à l’OMC en 2001 et les économies s’intègrent. En 2007, le premier Iphone, conçu aux États-Unis et assemblé en Chine par l’entreprise Taïwanaise Foxconn est le symbole d’une mondialisation grâce à laquelle la Chine et les États-Unis coopèrent.
Mais “les dirigeants chinois ne sont pas dupes” nous explique Alain Frachon, journaliste du Monde spécialiste des États-Unis : ils savent que les américains agissent dans le but d’une évolution de leur régime mais ils s’efforcent de maintenir le contrôle autoritaire du PCC. Ils ne veulent surtout pas reproduire la chute de l’empire soviétique de 1991, qu’ils considèrent catastrophique. Après quarante ans d’illusions, “le réveil est douloureux pour les États-Unis” (Frachon, Alain.2022. Les ateliers du Monde), à la fin des années 2000, lorsqu’ils réalisent que leur stratégie n’a pas fonctionné.“Ils ont accouché d’un concurrent” : après son entrée à l’OMC, la croissance chinoise explose et inonde les marchés occidentaux de produits aux prix très compétitifs grâce à des subventions du Parti, tandis que les entreprises américaines ont finalement un accès limité au marché Chinois.
Le pivot asiatique d’Obama à partir de 2009
En 2001, les États-Unis sont frappés par les attentats du 11 septembre, ils concentrent alors leur force et leur diplomatie vers le Moyen-Orient. Mais lorsqu’ils se rendent compte de l’ampleur de la nouvelle puissance chinoise, ils comprennent que les enjeux en Asie sont beaucoup plus importants. En 2011, Obama adopte le pivot stratégique vers l’Asie qui vise à recentrer l’attention diplomatique, économique et militaire des États-Unis vers la région Asie-Pacifique. Sans être ouvertement anti-chinoise, cette politique cherche à encadrer l’expansion régionale de Pékin, ce que les Chinois prennent pour une attaque. C’est le début du refroidissement des relations entre les deux puissances. Les États-Unis renforcent leurs alliances traditionnelles avec le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et les Philippines avec des accords de défense élargis, prévoient de déplacer 60% de leur flotte militaire en Asie et se rapprochent de pays tels que l’Inde, la Birmanie, l’Indonésie et le Vietnam. Mais Obama cherche surtout à endiguer la Chine grâce au TPP, l’Accord de partenariat transpacifique, un partenariat de libre-échange signé par 12 pays (Canada, le Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande) encadré par des règles en matière de droit humain, d’écologie, de propriété intellectuelle et de normes.
L’idée d’Obama semble bonne, la Chine devra elle-même respecter ces règles pour ne pas se retrouver isolée, mais c’est un échec.
Le TPP est peu populaire aux États-Unis. Si les douze pays signent solennellement le traité en février 2016, il doit ensuite être ratifié par tous les pays signataires. Or, 2016 est une année d’élections présidentielles aux États-Unis et les deux candidats Hillary Clinton et Donald Trump surfent sur la vague de l’anti-mondialisation et sur l’idée que les accords de libre-échange ont un impact néfaste sur l’emploi et les classes populaires. En 2017, Donald Trump, fraichement élu - et qui avait qualifié ce traité de “viol” pendant sa campagne - s’en désengage.
De plus, cette stratégie de pivot vers l’Asie aurait peut-être pu fonctionner avec plus de moyens. Mais l’expansion de l’État Islamique dans les années 2010 a forcé les États-Unis à garder des intérêts au Moyen-Orient et l’a empêché de dégager suffisamment de fonds pour égaler la Chine.
Celle-ci riposte d’ailleurs en 2015 et concurrence le TPP en créant la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII). Se présentant comme alternative à la Banque Mondiale et la Banque asiatique de développement dominées par les États-Unis, le Japon et l’Europe, cette institution cherche à financer des grands projets d’infrastructures (transports, énergie, télécommunications, développement urbain,…) grâce à des prêts et des investissements en capital. Malgré la promesse d’une gouvernance partagée, la Chine en est le principal contributeur et possède un poids plus important lors des votes.
C’est un véritable succès pour la Chine ! 57 pays adhèrent dès le lancement (dont de nombreux pays européens comme la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni et des alliés des États-Unis tels que la Corée du Sud et les Philippines) et 100 pays sont aujourd’hui membres ou candidats. C’est en revanche un échec pour les États-Unis qui persistent à refuser d’y adhérer et tentent, sans résultats, de dissuader ses alliés de devenir membre.
Biden continue de confronter la Chine (2021-2025)
La politique de Joe Biden envers la Chine prolonge la stratégie de ses prédécesseurs Trump et Obama : il tente de contenir son ascension. Il commence par élargir les restrictions commerciales héritées du premier mandat de Trump mais en adoptant une approche plus ciblée et technologique : contrairement aux tarifs douaniers généralisés de Trump (qui frappaient surtout les biens de consommation), Biden privilégie une stratégie de « containment technologique ». En 2022, Biden restreint les exportations vers la Chine de semi-conducteurs de pointe (puces de moins de 14 nm) et d’équipements de fabrication, comme les machines de lithographie UV extrême d’ASML. L’objectif ? Ralentir les avancées chinoises en intelligence artificielle et en applications militaires, en coupant l’accès des entreprises comme SMIC ou Huawei à ces technologies stratégiques (cf infographie - Comprendre les semi-conducteurs). Les États-Unis imposent leurs restrictions non seulement aux entreprises américaines, mais aussi aux sociétés étrangères de pays alliés (européennes, japonaises, taïwanaises, etc.) qui utilisent des technologies ou des équipements américains dans leurs chaînes de production. Par exemple, une entreprise comme TSMC (Taïwan) ou Samsung (Corée du Sud) doit obtenir une licence américaine avant de vendre à la Chine des puces fabriquées avec des machines ou des logiciels d’origine américaine, sous peine de se voir couper l’accès au marché ou aux technologies américaines. Biden étend aussi la liste noire de Trump (Huawei, ZTE, Hikvision et DJI) à de nouvelles entreprises chinoises actrices dans la surveillance de masse ou le développement militaire (ugon, Dahua Technology, et Megvii).
Dans le but de réduire la dépendance aux chaînes d’approvisionnement chinoises, Biden adopte l’Inflation Reduction Act (IRA) en août 2022 avec un budget de 369 milliards de dollars. Ces fonds sont dédiés à des subventions pour la production locale de batteries, panneaux solaires et véhicules électriques, ainsi qu’à la relocalisation des usines de semi-conducteurs aux États-Unis (via le CHIPS and Science Act, qui alloue 52 milliards de dollars supplémentaires à ce secteur).
Du point de vue des alliances, Biden lance l’Indo-Pacific Economic Framework (IPEF), qui regroupe 14 pays (Australie, Brunei, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Japon, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam, Fidji et les États-Unis) et qui ambitionne de renforcer les standards commerciaux, les chaînes d’approvisionnement et les infrastructures numériques dans la région, en excluant délibérément la Chine.
Sur le plan militaire, les États-Unis intensifient leur présence en Asie-Pacifique : déploiement accru de porte-avions et de sous-marins nucléaires dans la région, renforcement des bases aux Philippines, et multiplication des exercices conjoints avec le Japon, la Corée du Sud et l’Australie.
Et sur la question de Taïwan, Biden maintient l’ambiguïté stratégique, réaffirmant le soutien américain à l’île tout en évitant une reconnaissance officielle de son indépendance. Les ventes d’armes à Taïwan s’accélèrent et les exercices militaires conjoints avec des alliés régionaux se multiplient, envoyant un signal clair de dissuasion envers Pékin.
Finalement, le dialogue avec la Chine reste conditionnel : les échanges diplomatiques sont maintenus, mais uniquement sur des sujets où les États-Unis estiment avoir un levier (climat, santé mondiale), tout en dénonçant publiquement les pratiques chinoises en matière de droits de l’homme (Xinjiang, Hong Kong, Tibet,…).
On voit donc que Joe Biden prend de nombreuses mesures pour tenter de contenir la Chine en forgeant des alliances et en tentant de ré-industrialiser les États-Unis dans les secteurs clefs tels que les semi-conducteurs et l’écologie. Cependant, nous avons vu dans l’article n°8 sur la montée en gamme de la Chine que ces mesures n’ont pas permis d’empêcher la Chine d’atteindre la plupart de ses objectifs du programme Made in China 2025…
Trump 2025, le bras de fer des droits de douane et l’unilatéralisme
Trump va adopter une stratégie beaucoup plus brutale et unilatérale. Élu en 2017 grâce à un discours populiste anti-mondialisation selon lequel la concurrence chinoise a provoqué un ravage industriel (Frachon, Alain.2022. Les ateliers du Monde), Donald Trump avait commencé dès son premier mandat une guerre commerciale contre la Chine avec des premiers droits de douane et des sanctions contre des entreprises comme Huawei en 2018 et 2019, exacerbant les tensions avec l’Empire du Milieu.
Après sa réélection en 2025, il est encore plus agressif à l’égard de la Chine et annonce dès avril des droits de douane astronomiques qui coupent le souffle au monde entier et provoquent l’effondrement des marchés.
Cependant, il semble que du point de vue de Pékin, le bilan des premiers mois de Trump est positif. Comme l’explique Frédéric Lemaître, ancien correspondant du Monde en Chine, dans l’épisode de l’Heure du Monde du 9 juillet La Chine de Xi Jinping, grande gagnante du trumpisme, les dirigeants savaient que quelque soit le président américain, il y allait y avoir des tensions commerciales, économiques et technologiques, comme le laissait présager la politique des démocrates Obama et Biden et la virulence anti-chinoise de la campagne de Trump. Mais dans le cas d’une victoire démocrate, il fallait aussi s’attendre à des tensions géopolitiques, stratégiques, idéologiques et sécuritaires et à des alliances fortes avec les autres démocraties occidentales. Nous savons maintenant ce qu’il en est, Trump a gagné, les États-Unis prennent des décisions sans concertation et ne cherchent pas à renforcer leurs alliances historiques, ce qui laisse beaucoup d’espace aux affaires de la Chine.
Et puis, Trump ne remet pas en question le modèle chinois. Alors qu’Obama et Biden cherchaient à confronter la Chine sur des questions telles que les droits de l’homme et l’environnement, Trump veut avant tout faire du business, des “deals” comme il adore dire.
Les deux dirigeants se rejoignent sur cet aspect, Xi Jinping est d’ailleurs le seul à riposter fermement aux annonces de Trump et à négocier, confiant vis-à-vis du rapport de force entre les deux puissances. Et le nouveau président américain semble le respecter pour cela. En août, Donald Trump a d’ailleurs prolongé de 90 jours la suspension des droits de douane sur les importations chinoises, ce qui maintient l’incertitude quant à la suite des événements.
Cerise sur le gâteau pour la Chine, Trump n’est pas du tout clair à propos de Taïwan. Tandis que Joe Biden réaffirmait pendant son mandat que les États-Unis s’en tiendraient au Taiwan Relations Act de 1979 (cf article n°7 sur Taïwan) et défendraient Taïwan en cas d’attaques, Donald Trump critiquait pendant sa campagne le coût que représentaient les aides à l’île qu’il n’épargne d’ailleurs aucunement dans son augmentation des droits de douane : Trump a annoncé 20% supplémentaires alors que Taïwan avait accepté d’investir des dizaines de milliards de dollars sur le sol américain pour la production de semi-conducteurs dernier cri afin de satisfaire les exigences du 47ème président américain.
L’avenir est incertain donc, mais il est bon de rappeler que rationnellement, aucune des deux puissances n’a intérêt à voir la guerre commerciale se poursuivre :
→ La Chine est le 4ème fournisseur des États-Unis pour des produits essentiels, voire irremplaçable. Qui plus est, elle mise sur les terres rares comme levier de négociation, essentielles au succès de secteurs clefs (équipements militaires, batteries et véhicules électriques,…). La guerre commerciale risque donc de causer une forte inflation, voire des pénuries aux États-Unis. Autre problème, les États-Unis exportent principalement des produits agricoles en Chine (soja, sorgo,…). Il ne serait pas difficile pour les Chinois de trouver ces matières ailleurs (au Brésil par exemple), ce qui représenterait un manque à gagner pour les agriculteurs américains, qui sont beaucoup représentés dans l’électorat de Trump.
→ La Chine, quant à elle, se retrouve en position de force grâce à sa production industrielle, ses prix bas, les terres rares et sa capacité à trouver d’autres débouchés grâce à son “cercle d’amis”.
Mais les États-Unis représentent tout de même 15% de ses exportations en 2024 et de nombreuses entreprises chinoises produisent spécifiquement pour le marché américain (produits adaptés aux habitudes américaines par exemple). La guerre commerciale risque donc de créer une augmentation du chômage et la saturation des entrepôts due à la surcapacité de production.
“En Chine, il va y avoir des conséquences sociales assez forte puisque le marché des États-Unis est un marché important. Qui dit baisse de commandes, dit baisse de revenu pour les entreprises. Il y a donc des risques pour l’emploi, à un moment où la conjoncture économique chinoise n’est pas superbe.” Thibault, Harold. La Chine peut-elle gagner la guerre commerciale face aux Etats-Unis ?. Avril 2025. L’Heure du Monde
Cependant, Xi Jinping parvient, toujours grâce à une réthorique très habile, à se reposer sur le nationalisme attisé depuis des années et à transformer cette crise en haine encore plus vive des États-Unis.
“Il a déjà dit à la jeunesse chinoise qu’il fallait apprendre à ravaler son aigreur. Il a ancré très fort l’idée que pour des objectifs politiques majeurs, il faut savoir accepter un coût important. […] Il y a un sentiment que la forteresse est assiégé, ce qui peut devenir politiquement assez fédérateur”. Thibault, Harold. La Chine peut-elle gagner la guerre commerciale face aux Etats-Unis ?. Avril 2025. L’Heure du Monde.
Et puis, Xi Jinping - même s’il entend l’opinion -, n’a pas, contrairement à Trump, le souci de plaire à un électorat.
Quelles sont les conséquences et les solutions pour les européens ?
Contrairement aux américains qui adoptent plus que jamais une ligne offensive et protectionniste menant petit à petit au “découplage”, la ligne européenne est plus nuancée et la marche à suivre fait débat.
De l’El Dorado présumé au “de-risking” (2001-2025)
À partir de 2001 et de l’entrée de la Chine à l’OMC, les économies européennes se transforment profondément. L’Europe se met à importer massivement des biens manufacturés à bas coût (textile, électronique,…) et la Chine devient un marché d’exportation essentiel pour les produits européens haut de gamme : l’Allemagne y écoule ses voitures premium (BMW, Mercedes, Volkswagen), la France ses produits du luxe (LVMH, Hermès, Kering), et des pays comme la Suisse et l’Allemagne leurs machines-outils et des technologies industrielles (Siemens, ABB). Les produits à bas coûts modèrent l’inflation, les entreprises européennes délocalisent pour bénéficier de la main d’oeuvre moins chère et tentent de percer le marché d’un milliard de Chinois. Ça fonctionne à peu près…en fermant les yeux sur les conditions de travail.
Mais les années 2010 et les projets de Xi Jinping vont poser de graves problèmes aux économies européennes.
Le projet des Nouvelles Routes de la Soie, annoncé en 2013, implique des investissements massifs de Pékin dans des infrastructures européennes tels que l’acquisition de parts majoritaires dans le port du Pirée en Grèce par Cosco Shipping en 2016, le développement de terminaux ferroviaires en Pologne et en Hongrie ou encore l’acquisition de parts dans des entreprises énergétiques européennes comme en Italie et au Portugal.
La montée en gamme initiée par la Chine en 2015 dans le cadre du projet Made in China 2025, est favorisée d’abord par l’obligation pour les entreprises européennes de s’implanter en Chine via des co-entreprises (joint-venture) et de transférer leur technologie. Puis, après 2015, la prise de participation chinoise dans des entreprises européennes de hautes technologies stimule également grandement cette capacité d’innovation chinoise. Par exemple, l’acquisition de Kuka (Allemagne) par Midea (conglomérat chinois) en 2016 renforce les capacités chinoises en robotique.
Par ailleurs, l’effondrement du secteur photovoltaïque européen au début des années 2010, causé par les subventions massives de la Chine et l’inondation du marché par des panneaux solaires à bas prix après que l’Europe ait coupé les subventions au secteur dans un contexte de crise de la dette, reste gravé dans la mémoire des décideurs politiques européens, qui cherchent depuis à éviter une telle dépendance et à protéger les filières stratégiques contre des pratiques commerciales jugées déloyales.
2019 est marquée par l’escalade des tensions entre la Chine et les États-Unis. Les européens durcissent eux-aussi leur posture envers la Chine tout en affirmant rejeter l’idée d’un “alignement automatique”(Emmanuel Macron) sur les États-Unis. En 2019, l’Union Européenne ne qualifie alors plus la Chine uniquement de partenaire économique mais aussi de “rival systémique”, du fait, entre autres, des restrictions d’accès au marché chinois.
En mai 2021, la Commission Européenne suspend également les négociations à propos de l’Accord global sur les investissements (AGI) en discussion depuis 2013. Cet accord visait à développer et encadrer les relations économiques entre l’Union Européenne et la Chine pour les rendre plus équitables et respectueuses des droits de l’homme. Il prévoyait par exemple un accès élargi des entreprises européennes au marché chinois, en particulier dans les secteurs fermés comme la santé, les énergies renouvelables et l’automobile : la Chine devait lever les restrictions telles que l’obligation de création de co-entreprises. De plus, l’accord interdisait le transfert de technologie forcé et exigeait plus de transparence sur les subventions publiques aux entreprises chinoises. Il n’a jamais été ratifié en raison des sanctions ciblées contre quatre responsables chinois impliqués dans les violations des droits de l’homme contre la minorité ouïgoure au Xinjiang auxquelles la Chine a répondu par des sanctions contre dix personnalités européennes (comme Raphaël Glucksmann par exemple).
Cet épisode illustre bien le dilemme de l’Union Européenne : faut-il profiter des opportunités économiques que représentent la Chine alors que celle-ci ne respecte pas du tout les droits de l’homme ? La question est d’autant plus complexe depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le “Grand Rapprochement” sino-russe, l’absence de condamnation de la Russie par la Chine et le contournement par la Russie des sanctions occidentales grâce à l’appui de Pékin. Selon Alice Ekman (Chine-Russie, le Grand rapprochement.2023. Tracts Gallimard.), la Chine aurait eu tout intérêt économiquement à se placer du côté de l’Europe (accès au marché européen, intérêt en Ukraine), elle a préféré honorer l’amitié sans limite avec Vladimir Poutine, montrant sa volonté de faire passer les enjeux politiques avant les opportunités économiques, ce qui est nouveau dans la diplomatie chinoise et représente une grande menace pour l’Europe.
En mars 2023, la Commission Européenne, sous la présidence d’Ursula von der Leyen, formalise alors la notion de “dérisquage” (”derisking”, en opposition au "découplage" américain qui implique une rupture totale) comme une stratégie visant à réduire les risques liés aux dépendances excessives envers la Chine, sans pour autant couper tous les liens économiques :
“La France ne « veut pas entrer dans une logique de confrontation avec la Chine. Elle souhaite au contraire « réduire les risques, sans confrontation, mais avec une autonomie stratégique clairement affirmée ». Emmanuel Macron.
Dans cet esprit, l’Union Européenne adopte plusieurs lois concernant les secteurs clés dans lequel la Chine exerce une trop grande pression (les semi-conducteurs, les terres rares et le matériel et machines électriques, particulièrement les véhicules électriques) :
1.La Loi sur les matières premières critiques (2023) vise à réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Chine pour certaines ressources comme les terres rares. La loi impose des objectifs d’ici 2030 : extraire au moins 10 % des besoins européens sur son territoire, transformer 40 % de ces matières en Europe, recycler 15 % des déchets contenant ces ressources. Des projets concrets émergent déjà, comme l’ouverture de la mine de lithium dans l’Allier en France (prévue pour 2028), ou le développement d’une usine de traitement de terres rares en Suède par la société LKAB. Par ailleurs, des partenariats ont été signés avec des pays tiers (Canada, Kazakhstan, Groenland) pour diversifier les approvisionnements.
2.L’European Chips Act, adopté par l’Union européenne en 2023, cherche à renforcer la souveraineté technologique de l’Europe dans le domaine des semi-conducteurs (cf infographie sur les semi-conducteurs dans l’article n°8). Le plan prévoit des investissements massifs (plus de 43 milliards d’euros) pour attirer les fabricants, former une main-d’œuvre qualifiée et développer des technologies de pointe.
3. Des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques importés de Chine (en plus des 10% déjà en vigueur) ont été instaurés depuis fin 2024 pour éviter de reproduire les erreurs du photovoltaïque. Ces surtaxes, qui peuvent atteindre jusqu’à 37,6% selon les constructeurs (BYD est surtaxé à 17 %, Geely à 18,8 %, et SAIC à 35,3 %), visent à corriger ce que Bruxelles considère comme des subventions déloyales accordées par la Chine à ses producteurs, ce qui explique qu’on ne voit pas encore beaucoup de BYD dans nos rues.
4.Le Clean Industrial Deal, adopté en février 2025, miroir à l’Inflation Reduction Act de Joe Biden et aux subventions chinoises dans les industries vertes, ambitionne de faire de l’Europe le leader dans les technologies vertes. Ce pacte consiste à réduire les lourdeurs administratives pour les entreprises voulant investir dans des technologies propres et à des fonds publics et privés pour soutenir les industries dans leur transition écologique, par exemple via des subventions, des prêts avantageux ou des incitations fiscales.
Voila autant d’exemples qui montrent que l’Union Européenne, loin d’être aussi virulente que les États-Unis, tente tant bien que mal de diversifier ses partenaires, sécuriser ses approvisionnements et de booster son industrie pour contrer la Chine.
Mais selon Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, c’est loin d’être suffisant :
La Chine est l’usine du monde : l’industrie représente 40 % de son produit intérieur brut (PIB), contre 10 % en France. L’écart est irrattrapable. Pour que la part de l’industrie en France remonte de seulement deux points de PIB, de 10 % à 12 %, France Stratégie estime qu’il faut compter plus d’une douzaine d’années. Les Chinois sont, par exemple, en train de construire cinquante-cinq usines géantes de semi-conducteurs : impossible de suivre ce rythme ! La Chine peut-elle être un modèle économique pour l’Europe ? L’avis des experts Nicolas Dufourcq et Alice Ekman. Beuve-Méry, Alain. Riché, Pascal. Mars 2025. Le Monde.
Dans un contexte où les exportations européennes vers la Chine diminuent, où la Chine parvient à concurrencer l’Europe dans les secteurs clés, où Trump augmente les droits de douane sur les produits européens, l’Union Européenne fait face à une impasse et maintient une position très faible sur la scène internationale comme en témoigne la célébration des 50 ans de relations sino-européennes en 2025 ayant eu lieu exceptionnellement en Chine car Xi Jinping n’a pas daigné se déplacer.
Mais alors, que faire ?
Copier le modèle chinois ?
Dans un article du Monde publié en mars 2025, Alice Ekman, spécialiste de la Chine, et Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance répondent à la question : La Chine peut-elle être un modèle économique pour l’Europe ?
Après tout, pourquoi ne pas appliquer leur méthode ? Le succès apparent du modèle chinois, marqué par une croissance fulgurante et une industrialisation massive, pourrait séduire… Les deux experts y assurent que le modèle chinois, qui repose sur une forte emprise de l’État sur l’économie, des plans quinquennaux très ambitieux et des subventions étatiques massives, ne fonctionnerait pas en Europe pour plusieurs raisons.
Avant même d’aborder la question des valeurs, Nicolas Dufourcq rappelle que l’Europe accuse un retard considérable en matière d’investissement industriel. Pour espérer rivaliser, il faudrait mobiliser les 800 milliards d’euros préconisés dans le rapport Draghi, rapport de référence sur l’avenir de la compétitivité européenne par Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (2024). Or, l’absence de consensus entre les États membres sur le financement d’un tel plan rend cette ambition quasi irréaliste. Contrairement à la Chine, où l’État centralise les ressources et impose des priorités via des plans quinquennaux, l’Europe peine à aligner ses intérêts divergents. Le défi n’est donc pas seulement économique, mais aussi politique et organisationnel.
Imiter la Chine impliquerait aussi et surtout à renoncer à notre modèle social. Comme nous l’avons vu dans l’article n°5 sur l’idéologie de Xi Jinping, celui-ci ne croit pas à l’État Providence et tous les investissement de l’État vont à l’industrialisation et aux infrastructures. Cette question fait plus que jamais débat en Europe et en France, mais il faut tout de même imaginer un système précaire dénué de la moindre entraide. Au delà de questionnements idéologiques, ce choix a des conséquences lourdes sur l’économie chinoise : les Chinois, confrontés à cette précarité, sont contraints d’épargner massivement, ce qui mène à la stagnation de la consommation intérieure, qui ne parvient pas à absorber les surcapacités industrielles chinoises (phénomène dont je reparle dans l’article n°10 sur la crise économique chinoise).
Il ne faut également pas oublier que le modèle chinois repose sur un nationalisme exacerbé, qui légitime les sacrifices individuels au nom de la puissance collective. Les Chinois, fiers d’incarner la civilisation la plus puissante au monde, tolèrent des conditions de vie difficiles en échange de cette promesse de grandeur. Mais ce nationalisme, souvent synonyme de rejet de l’autre et de mépris pour les différences, s’oppose frontalement aux valeurs d’ouverture et de pluralisme que l’Europe cherche à promouvoir.
Par ailleurs, le succès économique de la Chine est indissociable de son régime autoritaire : le Parti communiste chinois (PCC) exerce un contrôle absolu sur l’économie, les entreprises sont pour la plupart intégrées par des membres du Parti et on leur dicte leur stratégie. Les objectifs quinquennaux sont d’ailleurs fixés par le Parti et toute dissidence au sein des organisations, même de la part des plus grands entrepreneurs, est réprimée. L’exemple de l'« autoritarisme vert » illustre bien ce phénomène : les politiques écologiques sont appliquées par la contrainte (cf article n°7 sur l’écologie). Cela remet fondamentalement en question la liberté d’entreprendre, si chère à notre système libéral. Qui plus est, la course à la subvention instaure un climat de zèle politique, de falsification des résultats et de corruption.
Finalement, un autre atout majeur de la Chine réside dans son exploitation massive des données, alimentant le développement de l’intelligence artificielle. Là encore, le prix à payer est exorbitant : l’absence de protection de la vie privée et la surveillance généralisée sont des outils au service de l’innovation, mais au détriment des droits fondamentaux. En Europe, où la protection des données est un droit inaliénable, une telle approche serait inenvisageable.
Au-delà des débats économiques, c’est bien un choix de société qui se dessine. Le modèle chinois, aussi performant puisse-t-il paraître, exige des compromis inacceptables pour les Européens : abandon des libertés, renoncement à la protection sociale, et soumission à un État tout-puissant. L’enjeu n’est pas seulement de rattraper un retard industriel, mais de préserver ce qui fait l’essence de notre modèle : l’équilibre entre prospérité et respect des droits humains.
La recommandation des économistes : un "Deng Xiaoping inversé"
Mais alors que faire ?
Face à l’ascension de la puissance chinoise, l’Europe pourrait être tentée par un protectionnisme radical, visant à protéger son marché des produits chinois à bas prix, d’autant plus que les droits de douane américains risquent de rediriger une partie des exportations chinoises vers l’UE. Une telle posture, inspirée des mesures américaines, impliquant des barrières douanières drastiques, comporterait cependant des risques majeurs. Un découplage économique avec Pékin menacerait non seulement les chaînes d’approvisionnement européennes - déjà fragilisées par les tensions géopolitiques -, mais aussi l’accès à des technologies critiques étant donné que la Chine domine les batteries électriques, les panneaux solaires, les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle et les biotechnologies. Les coûts seraient énormes pour rattraper le retard technologique. Pire, cette stratégie pourrait aggraver l’inflation, créer des pénuries dans des secteurs stratégiques, et affaiblir les avancées écologiques, alors que la Chine continue d’investir massivement dans la transition verte, là où l’Europe peine à maintenir son rythme.
Une alternative, défendue par des think tanks comme l’Institut Montaigne ou l’Institut Jacques Delors, repose sur le concept de « Deng Xiaoping inversé » (Godement, François. Relations commerciales Chine-Europe : sortir de l’impasse. Mars 2025. Institut Montaigne.) : reproduire la stratégie chinoise des années 1990 et 2000, qui consistait à attirer les entreprises étrangères sur son sol pour copier leurs technologies et monter en compétence.
Concrètement, il s’agirait pour l’UE d’imposer des co-entreprises avec des groupes chinois, en échange de l’accès au marché européen, tout en exigeant des transferts de savoir-faire et en favorisant l’emploi local. Ces partenariats pourraient s’accompagner de la création de filiales européennes détenues par des entreprises chinoises, mais soumises à l’obligation de s’approvisionner auprès de fournisseurs locaux, une manière de relocaliser une partie de la production et de créer des emplois en Europe. Cette approche, plus collaborative que conflictuelle, permettrait de tirer parti des atouts industriels chinois sans renoncer à la souveraineté technologique.
“Cela nécessite de poser des limites aux investissements chinois et de demander aux entreprises chinoises d’avoir des sites localisés en Europe et d’accepter, dans une certaine mesure, un partage de technologies ou, à défaut, d’avoir un pourcentage élevé de fournitures et de composants d'origine locale.” Godement, François. Relations commerciales Chine-Europe : sortir de l’impasse. Mars 2025. Institut Montaigne.
L’enjeu central pour l’Europe semble donc être de rappeler à la Chine qu’elle n’est pas en position de force absolue. Malgré la montée en puissance de Pékin, l’UE conserve un atout majeur : son marché intérieur de 450 millions de consommateurs à haut pouvoir d’achat, d’autant plus stratégique que la consommation chinoise stagne et que les droits de douane américains limitent ses débouchés. L’Europe peut ainsi devenir une issue pour écouler la surcapacité industrielle chinoise, à condition que Pékin accepte de jouer selon des règles équitables, favorisant la reconstruction d’un tissu industriel européen compétitif. Pourtant, Xi Jinping semble camper sur une posture intransigeante, comme en témoigne l’échec de la rencontre avec Ursula von der Leyen le 24 juillet 2025 où aucune avancée concrète n’a été enregistrée sur la réciprocité commerciale ou la réduction des subventions déloyales.
Les points à retenir
- En 1971, Richard Nixon et Mao Zedong décident du rapprochement sino-américain. Les États-Unis et la Chine se mettent à coopérer dans tous les secteurs, malgré des fondements idéologiques et économiques diamétralement opposés. Les Américains espèrent qu'une libéralisation économique rimera avec ouverture démocratique. Mais il n'en est rien, ils observent le massacre de Tiananmen de 1989 sans réagir et poussent l'entrée de la Chine à l'OMC, qui a lieu en 2001.
- À la fin des années 2000, les Américains comprennent qu'ils ont "accouché d'un concurrent" (Frachon, Alain. 2022. Le Monde) et recentre l'attention diplomatique, économique et militaire vers l'Asie-Pacifique. Du pivot asiatique d'Obama aux listes noires de Donald Trump en passant par l'Inflation Act de Biden, les présidents américains tentent de contenir la Chine.
- Trump marque cependant un tournant : il ne remet pas en question le modèle autoritaire chinois et adopte une logique transactionnelle à propos de Taïwan, ce qui arrange grandement Xi Jinping, seul chef d'État à négocier férocement et avec succès les droits de douane.
- Le projet des Nouvelles Routes de la Soie et la montée en gamme des exportations chinoises déstabilisent complètement les économies européennes. De plus, le non-respect des droits de l'Homme et le support de la Chine à la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine donne à la rivalité une dimension idéologique et géopolitique. En 2023, les dirigeants européens formalisent la notion de "dérisquage" : une stratégie visant à réduire les risques liés aux dépendances excessives envers la Chine, sans pour autant couper tous les liens économiques. Mais cela implique des investissements massifs et une coopération entre les nations qui restent encore difficiles à mettre en place.
- Certains économistes et think tanks (Institut Montaigne, Institut Montaigne) préconisent un "Deng Xiaoping" inversé : attirer les entreprises étrangères sur le sol européen, sous forme de co-entreprises, pour copier leurs technologies et monter en compétence et créer des emplois.
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